Survol de l'art construit en Belgique
16 artistes et près de 50 oeuvres, 3 générations en lice. Un festival de géométries, lignes et couleurs sur toiles.
Group 2 Gallery, 8 rue Blanche, 1000 Bruxelles - jusqu’au 21 mai 2016, du mercredi au samedi, de 14 à 18h
Le premier coup d’oeil est concluant : l’aventure tient le cap ! Avec Jeannine Lenaerts à la baguette, c’est comme si les toiles des uns et des autres s’étaient passé le mot d’une union symphonique. Vues de plus près, les compositions, assemblages de droites, de courbes, triangles, rectangles ou carrés, s’alignent certes à la queue leu leu mais toutes répondent à la précédente comme à la suivante par un même esprit. L’esprit de la rigueur et celui de cet amour de la ligne et de ses jeux potentiels que sous-tend l’adhésion des artistes à la l’abstraction géométrique. |
Les Russes les premiers ont, au début du XXe siècle, mené l’art sur ces bases inexplorées et Malevitch en fit le cheval de bataille d’un Suprématisme appelé à révolutionner la vie. A sa suite, Marcel-Louis Baugniet ( 1896-1995 ) fut un des premiers, chez nous, à s’enticher de cette nouvelle forme d’art et à en assurer le relais. Depuis, l’Europe entière, surtout à l’Est, a souscrit, peu ou prou, aux lois de géométries sur la toile ou dans l’espace. |
De Baugniet à Rubens La diversité des personnalités et époques réunies dans cette exposition florilège confère sa dynamique à une exploration qui, ici et là, réserve au visiteur de belles surprises et attise ses coups de coeur. Autre fait important: la majorité des peintures aux cimaises privilégient la simplicité. Ce qui assure une homogénéité qui avoue bien des charmes et en rend la lisibilité claire, évidente. Nous parlions de toiles. Il y a une sculpture. Signée Pàl Horvath, elle est, totem et jeu de parallèles en bleu et jaune, d’une fraîcheur qui rejoint, du même Horvath, une toile jaune, bleue et mauve. Le ton joyeusement donné, la démonstration peut s’enfiler comme perles en collier. Ici, trois générations au moins d’intervenants confirment la santé d’un art qui tient la corde depuis plus de cent ans. |
Mesure, géometrie, espace… | Il y a la génération Baugniet, celle des Delahaut, Rets et Heerbrant et une foule d’autres, que concluent les Hannaert, Rubens ou Coppieters 't Wallant. Et c’est loin d’être fini! Si une toile bleue, presque monochrome et pourtant, de Gilbert Swimberghe (décédé en 2015) s’acoquine avec un Roger Greisch (1917-1999), “Espiègle”, de 1988, en face deux splendides Gilbert Decock (1928-2007) en veine de titres égyptiens font mouche par leurs compositions fluides et chaudes. |
De lignes en lignes
Notre excellent confrère Jo Dustin (1936-2011) est d’une partie qui l’aurait réjoui tant il défendit ce type de peinture. Ses deux gouaches frémissent de leurs rayures. Petit jeune en pareille confrérie, puisque né en 1944 à Tielt, Albert Rubens se singularise par des jeux de lignes en noir sur blanc qui évoquent une parenté de signes avec François Morellet.
“Corella” de Jean Rets (1910-1998) et “Construction aux carrés”, pochoir tardif de Baugniet, précèdent deux étonnant tableaux d’Henri Heerbrant (1912-1982). Etonnants, car Heerbrant n’a pas souvent cédé à ce type d’abstraction.
Un tardif petit Jo Delahaut (1911-1992), deux compositions dynamiques de Chantal Coppieters ’t Wallant (née en 1950), un Léon Wuidar (1938), limpide, de 1983, un Pierre Clarebout ( seul élève de Baugniet ), deux émouvants tableaux de Felix Hannaert (1944), un rare Jean Dubois (1923-1980) emplis de triangles… La fête est dite et bien dite!
Roger-Pierre Turine
Notre excellent confrère Jo Dustin (1936-2011) est d’une partie qui l’aurait réjoui tant il défendit ce type de peinture. Ses deux gouaches frémissent de leurs rayures. Petit jeune en pareille confrérie, puisque né en 1944 à Tielt, Albert Rubens se singularise par des jeux de lignes en noir sur blanc qui évoquent une parenté de signes avec François Morellet.
“Corella” de Jean Rets (1910-1998) et “Construction aux carrés”, pochoir tardif de Baugniet, précèdent deux étonnant tableaux d’Henri Heerbrant (1912-1982). Etonnants, car Heerbrant n’a pas souvent cédé à ce type d’abstraction.
Un tardif petit Jo Delahaut (1911-1992), deux compositions dynamiques de Chantal Coppieters ’t Wallant (née en 1950), un Léon Wuidar (1938), limpide, de 1983, un Pierre Clarebout ( seul élève de Baugniet ), deux émouvants tableaux de Felix Hannaert (1944), un rare Jean Dubois (1923-1980) emplis de triangles… La fête est dite et bien dite!
Roger-Pierre Turine
Bio express | Marcel-Louis Baugniet ( Liège 1896-Bruxelles 1995 ). Pionnier de l’art construit en Belgique. Peintre, collagiste, décorateur, affichiste, publiciste, céramiste, créateur de mobilier, critique d’art. Influencé par le constructivisme russe, le Bauhaus, De Stijl. Jo Delahaut ( Vottem 1911-Schaerbeek 1992 ). Docteur en histoire de l’art. A peint à partir de 1940 et, en 1946, aborda l’abstraction avec un radicalisme inédit. Membre de La Jeune Peinture belge ( 1945-1949 ). |
Infos pratiques | Group 2 Gallery, 8, rue Blanche, 1000 Bruxelles. Jusqu’au 21 mai 2016, du mercredi au samedi, de 14 à 18h info : 02.539.23.09 |